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LA MAQUISARDE de Nora HAMDI

SORTIE NATIONALE : 16 Septembre 2020

1h24– France, Algérie – 2019

 

SYNOPSIS

Algérie. 1956. Plongée dans une guerre qui ne dit pas son nom, une jeune paysanne devient, malgré elle, une maquisarde. Mais lors d’une attaque, elle se fait capturer par un groupe de commandos qui la conduit dans un lieu d’interrogatoire interdit, où elle est enfermée avec une ancienne résistante française …

ENTRETIEN AVEC NORA HAMDI

Vous êtes née bien après l'indépendance de l'Algérie, pourquoi aujourd'hui une histoire, votre histoire ?

Cette Histoire fait partie de mon histoire, par devoir de mémoire, j’ai décidé de raconter pour mon deuxième long métrage, ce passé afin de soulever toutes les ambiguïtés et mieux vivre notre relation France-Algérie. Il est important que la France se réconcilie avec son passé afin de mieux aborder l’avenir, regarder le passé pour ne pas répéter les erreurs de l'Histoire.

C'est une guerre qui ne dit pas son nom, la torture y est fréquente est-ce une autre trajectoire pour aborder ce sujet ?

A l’époque, on ne nommait pas cette guerre, on disait " des événements ". C’est pour cela d’ailleurs, que pour le film, j’ai intégré des images d’archives du camp de concentration où ma mère était enfermée. Quand je suis retournée sur ses traces, lors de mes enquêtes, je pensais voir un camp de regroupement comme ce que je lisais dans certains rapports officiels, mais en découvrant des fosses communes avec des noms de morts encore gravés sur les murs, j’ai compris que c’était un camp de concentration.

Donc, c’était une guerre. Là, j’ai repensé à Michel Rocard, ancien ministre, et surtout l'homme qui a fait un rapport accablant en avril 1959 sur les camps de concentration sous De Gaulle pendant la guerre de libération. La presse française les appelait pudiquement des camps d'internement pourtant leur effet sur les hommes et les femmes a été dévastateur. Voilà ce qu’il disait à l’époque : " Mon avis, c'est que sont mortes de faim 200 000 personnes et en majorité des enfants ", avait-il confié plus tard. Devant le silence des autorités, Michel Rocard n'avait pas hésité à parler de déportation. Ce rapport a réussi à lever un coin du voile sur ces lieux de non-droit et avec le temps, les choses avancent, comme avec les derniers mots du président Emmanuel Macron sur le sujet, qui a qualifié la colonisation en Algérie comme un crime contre l’humanité.

Concernant la torture, ce n’est plus un secret de dire qu’elle y était amplement pratiquée, d’ailleurs, par exemple, le camp que j’ai filmé, les algériens en parlaient comme " un laboratoire " … C’était malheureusement courant cette pratique, c’est pour cela qu’il m’était important d’intégrer des images d’archives du camp de concentration dans mon film, comme du village familial ratissé au générique, comme les traces de témoignages qu’on m’a livrées, en Algérie, mais aussi en France.

Adaptée de votre livre : La maquisarde est l'histoire inspirée du témoignage de votre mère ?

Oui, d’ailleurs le point de départ du livre a commencé le jour où ma mère est sortie de son silence une fois que les enfants sont devenus adultes et sont partis, elle s’est confiée sur sa vie de jeune fille pendant la guerre d’Algérie. Par bribes, elle m’a parlé du ratissage de son village, de son soutien à son frère maquisard puis de son enfermement au camp de concentration où elle a fui grâce à un soldat français qui lui a sauvé la vie en la laissant s’échapper. C’est la que j’ai compris la complexité de cette guerre sans nom.

En l’écoutant, j’ai posé aucune question, elle parlait par bribes, par zones d’ombres. Mettre des mots sur ses maux était déjà énorme. A partir de là, j’ai écrit le livre, en essayant, de comprendre, je voulais entrer dans sa peau, même si je n’ai pas connu de guerre, ni vu de morts, c’était important de faire vivre son témoignage à travers une fiction. Puis, après un travail d’enquête pour vérifier les faits historiques, le livre "La Maquisarde" est né.

Espérez vous avec cette adaptation, éclairer un peu plus afin de crever un abcès de cette guerre?

Je l’espère car moi-même, en écoutant ma mère me relater cette guerre par bribes, et en allant enquêter sur le sujet, en retournant sur ses traces, j’ai compris qu’il fallait crever l’abcès, ce tabou. Je suis née et j’ai grandi en France et à l’école, on ne m’a jamais parlé de la guerre d’Algérie, c’est en me penchant sur le sujet que j’ai compris toute l’ambiguïté de cette guerre, c’est pour cela qu’en tant que romancière et cinéaste, il me fallait visualiser l’histoire, la mettre en scène, me la réapproprier.

Aujourd'hui, pensez-vous que, particulièrement, les femmes de cette génération, comme votre maman ont gardé des séquelles enfouies et non dites ?

Il y a eu en effet beaucoup de traumatismes et séquelles car ces femmes n’ont pas eu la parole après la guerre, elles ont été déçues de retourner derrière les fourneaux comme si de rien était. Ce qui est intéressant, c’est qu’en France, après la guerre contre les allemands, on leur a dit la même chose. Les femmes n’existaient plus, elles devaient juste faire la vie de famille, et ne pas s’occuper " des affaires de la guerre ", ce sont souvent les hommes qui parlent de la guerre, comme si c’était uniquement leur domaine.

C’est pour cela que j’ai mis en scène une jeune femme avec d’autres femmes dans une guerre. La Maquisarde raconte une jeune femme, qui à l’aube de son mariage, rêve d’amour avec son fiancé, mais elle découvre une guerre qui ne dit pas son nom et devient, malgré elle, maquisarde. Dans le film, elle passe de la paysanne à la maquisarde, qui apprend de plein fouet, l’errance, la faim, les armes, la violence et le combat sur le terrain, jusqu'à l’enfermement dans les tréfonds de la haine à travers un commando militaire.

Pour moi, faire un film sur les femmes sous la guerre d’Algérie était une nécessité devant les traces inexistantes du rôle important qu’elles ont joué lors de cette période. J’avais envie de mettre en lumière ces femmes populaires. Même si quelques femmes connues ont été mentionnées, la plupart d’entre elles ont été oubliées. Un trop grand nombre de femmes disparues sont mortes dans l’oubli. Ce sont ces dernières qui m’ont inspirées, comme les paysannes, militantes, citadines, comme les mères, les soeurs, les filles, car dans chaque famille algérienne et française, on a souvent ce genre de femmes résistantes qui ont été des héroïnes malgré elles. Des résistantes dans l’âme, qui ont eu le même courage des icônes, comme Djamila Bouhireb - ou Djamila (Amrane-Minne) - ou Germaine Tillon, comme des anonymes, qui vivent toujours en Algérie ou en France.

Votre film aborde cette France anti-coloniale, quelles sont vos inspirations ?

Le personnage de Suzanne est inspiré de Germaine Tillon, comme elle, Suzanne est une ancienne résistante française, qui connaît l’Algérie. Dans le film, la jeune maquisarde rencontre une autre France, à travers le visage de Suzanne, française, ancienne résistante qui la renvoie à son combat mais aussi à la torture qui refait surface. Face à l’insoutenable, la jeune fille va être suspendue entre la vie et la mort, puis va découvrir un jeune militaire insoumis qui va entrer en résistance, un jeune appelé qui croit faire son service militaire, mais va découvrir les vices de cette guerre sans nom, un insoumis qui va entrer en résistance. De ces rencontres vont naitre des liens forts et indéfectibles en plein coeur de l’insupportable.

Qu'attendez-vous du public des pays qui vont voir le film en particuliers en Algérie et en France ?

J’espère qu’il va découvrir une partie de son passé, en France comme en Algérie, car il y a encore trop d’amalgames sur le sujet et pour cela, mettre des images sur cette histoire est nécessaire pour la transmission de l’Histoire et les générations futures, afin de ne pas oublier un passé qui ne doit pas disparaître pour vivre en paix. Il y a ces derniers temps, trop de falsificateurs de l’Histoire sur ce sujet, on ne replace plus les drames dans leurs contextes de l’époque, on les replace à notre époque, et le manque d’informations, de vérité n’est plus d’actualité, il me semble.

Aborder principalement le sujet des femmes en temps de guerre qui se battent pour l’indépendance devait entrer en résonance, car pour moi, sans les femmes, la guerre d’Algérie n’aurait pas été gagnée.

En tant qu’enfant d’immigrée née en France, j’avais aussi envie de faire un film relatant l’amitié entre la France et l’Algérie en 1956 lors de cette guerre d’Algérie.

Ainsi, afin de rester fidèle, les grandes lignes du livre "La Maquisarde" ont été conservées, à travers notamment des images d’archives, que j’ai filmées lors de mon travail d’enquête concernant les faits historiques, images d’archives que j’ai intégrées dans le film pour souligner la véracité de l’histoire et en faire un film non manichéen. Le film La Maquisarde est inspiré de faits réelles.

Partir sur une base authentique pour libérer la parole de celles et ceux qui ont vécu ce passé, aussi bien en France qu’en Algérie.

Et pour finir, après votre premier film, Des poupées et des anges, où vous aviez un budget confortable, comment s’est fait ce deuxième film, La Maquisarde ?

Mon premier film était confortable sur le plan financier, c’était une co-production France 2, j’avais le CNC, bref, la totale. Maintenant, je sais ce que veut dire : faire un film sans budget. J’aurais aimé faire La Maquisarde comme le premier film, mais après plusieurs versions où on me demandait d’édulcorer l’histoire, j’ai décidé de le faire autrement, car je ne pouvais pas adoucir le passé, ça aurait été trahir la parole de ceux qui m’ont livré leurs témoignages, la guerre d’Algérie est un sujet qu’il faut aborder dans sa vérité. Donc après trois ans de réécriture, j’ai décidé de reprendre la base du livre, en prenant la partie dans l’histoire qui se passe quasiment en huis clos et d’auto-produire le film. Ensuite tout a été très vite, j’avais deux mois avant le tournage car je pouvais tourner dans le lieu principal qu’en août car il était fermé au public. Le casting a été lancé sur entre autres Facebook, où beaucoup se sont présentés, et avec tous mes partenariats gracieux qui m’ont soutenu, sans casting et avec une équipe qui a compris ce film sans budget, le film a pris forme. Le long métrage s’est fait dans l’urgence, avec tout ce que cela peut comporter, mais pour la première fois, dans la mesure de mes moyens, j’ai tourné librement.

 

DISTRIBUTEUR : HEVADIS FILMS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 


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