ESPACE SAINT-MICHEL

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EN POLITICA de Jean-Gabriel TREGOAT et Penda HOUZANGBE

SORTIE NATIONALE : 18 Mars 2020

1h47 – France - 2018


SYNOPSIS

Une petite équipe d’activistes se présente pour la première fois a des élections et entre au Parlement asturien. Plongés dans le monde politique auquel ils se sont toujours opposés, les nouveaux élus font l’apprentissage de ses rouages, pris entre leurs idéaux et la réalité pratique de l’institution.

LE CONTEXTE POLITIQUE

En Espagne, à la suite de la crise économique et des plans d'austérité, le mouvement des Indignés a rallié largement autour de l'idée de changer le modèle de société et de démocratie. Pourtant, en dépit de l'engouement que le mouvement du 15 mai (ou 15-M) a suscité, il est suivi du retour au pouvoir de la droite, comme s'il avait manqué quelque chose pour transformer la mobilisation. A sa création, le parti Podemos a essayé de faire siennes une large part des revendications et des principes démocratiques du 15-M. Mais des sa fondation, il repose sur un paradoxe : changer radicalement la politique, mais y participer telle qu'elle existe. Quelques mois à peine après sa formation, le parti crée la surprise aux Européennes de 2014, et en moins d'un an, il devient l'une des principales forces politiques espagnoles.

En 2015, Podemos est a un moment clé de sa courte histoire, en transition entre le mouvement et le parti institutionnalise. Si Pablo Iglesias, son dirigeant le plus connu, est déjà aussi populaire qu'une rock star, les militants qui préparent activement les élections législatives des Communautés Autonomes sont d'illustres inconnus, qui la plupart du temps n'avaient encore jamais été membres d’un parti politique. La principauté des Asturies, Communauté Autonome du Nord de l'Espagne, a une longue tradition ouvrière et contestataire. Au niveau institutionnel, elle a été gouvernée quasiment sans interruption par le Parti Socialiste (PSOE Partido Socialista Obrero Espanol) depuis le retour a la démocratie, ce qui n'a pas été sans conséquences sur la formation politique elle-même. Le Parti Communiste, puis Izquierda Unida (IU – Gauche Unie – qui rassemblait autour du PC la plupart des partis à la gauche du PSOE depuis 1986), a une implantation forte et ancienne en Asturies. Plus récemment, Foro, un parti asturien de droite régionaliste a été fondé par un dissident du Parti Populaire (PP) et a très brièvement gouverné entre 2011 et 2012. Ciudadanos, un parti centriste originellement catalan, acquière une véritable audience nationale a partir de 2014 en dénonçant les scandales de corruption en cascade qui ont frappe principalement le PP et le PSOE, mais reste assez marginal en Asturies. En 2014, lors de la percée de Podemos aux Européennes, c'est en Asturies que le parti obtient son meilleur score.

ET DEPUIS…

En janvier 2020, Podemos est entré dans le nouveau gouvernement de Pedro Sanchez (PSOE), ce qui a en quelque sorte achèvé sa normalisation. Le parti a plus ou moins pris la place qu’occupait Izquierda Unida (avec qui Podemos s’est d'ailleurs allié à partir 2016). Un cycle de la politique espagnole s'est probablement achèvé et un nouveau s'est ouvert, dans lequel la question sociale, au centre du discours de Podemos, a été marginalisée par la polarisation autour de la question catalane ; Podemos a en effet sur le sujet une position médiane (pour un referendum officiel sans soutenir l'indépendance), difficilement audible actuellement. Sur le long terme, la présence de Podemos dans les institutions a eu pour effet de générer des tensions internes, peut-être parce que les institutions offrent également des positions individuelles de pouvoir qui tendent à exacerber les rivalités. En Asturies, comme dans le reste de l’Espagne, Podemos s’est petit à petit détache de l’élan populaire qui l’avait porté dans ses débuts, et ses structures ont eu tendance à se consolider, rapprochant progressivement le mouvement d’un parti traditionnel.

Lors des élections autonomiques de 2019, Podemos Asturies est passé de 9 à 4 députes, divisant presque son nombre de voix par deux. Il ne reste que deux députés parmi ceux qui apparaissent dans le film. Lorena Gil (très peu présente a l'écran) est devenue la porte-parole du groupe parlementaire ; quant à Daniel Ripa, il est toujours député et secrétaire général de Podemos Asturies. Emilio Leon, lui, a fait le choix d’abandonner la tête du groupe en cours de mandat, puis d’arrêter totalement la politique institutionnelle à la fin de celui-ci.


ENTRETIEN AVEC LES REALISATEURS

D’ou vous est venue l’envie de faire ce film ?

Nous cherchions à faire un film sur quelqu’un qui se retrouverait directement propulsé de l’activisme dans les institutions politiques, l’idée étant d’observer et de faire partager les effets de l’institution sur les individus et vice-versa. Pour nous, il y avait la autant une interrogation politique, comment cela se passe-t- il lorsqu’on essaie de changer les choses depuis l’intérieur, qu’une aventure humaine d’apprentissage.

A l’époque, ce n’était pas si courant de voir des "outsiders" passer directement de la rue aux centres de pouvoir sans gravir pas à pas les échelons d’un parti, mais nous avions fini par repérer quelques anciens leaders du grand mouvement étudiant chilien de 2011 (qui réclamait, entre autres, la gratuite de l’éducation) qui se présentaient aux législatives et avaient de bonnes chances d’être élus. L’un d’eux nous avait donne son accord pour être filmé. Juste avant de commencer à tourner il a changé d’avis, et nous nous sommes retrouvés sans film. Au même moment, Podemos émergeait en Espagne, et plein de gens allaient se présenter à des élections pour la première fois de leur vie...

Comment êtes-vous entres en contact avec ce groupe d’activistes ?

On avait essayé de tirer quelque chose de notre expérience chilienne, et on a visé les élections autonomiques plutôt que générales, en se disant que cela nous placerait à un niveau où les enjeux restaient importants (les Communautés Autonomes ont la responsabilité des politiques sociales, éducatives, de santé…) mais où les personnages seraient un peu moins

exposés (médiatiquement, notamment) qu’au niveau national, et donc moins susceptibles de nous lâcher sous la pression. On a étudie la situation dans les différentes communautés autonomes espagnoles, en cherchant les endroits où la droite ne pouvait pas gagner (Podemos aurait été naturellement dans l’opposition et leurs contradictions auraient été bien moindres) mais où la gauche traditionnelle aurait besoin de leur appui pour élire le président de la Communauté Autonome. Puis on a contacté les candidats de Podemos dans les endroits qu’on avait retenus. Comme tout le monde était partant, on a fini par choisir les Asturies : c’était le seul endroit ou Podemos avait une possibilité de remporter la Présidence. C’est le potentiel dramatique et le niveau de contradictions internes possibles qui ont globalement guidé notre choix.

Que cherchiez-vous en suivant ces tout nouveaux députes ? A voir s'ils allaient réussir leur pari ?

Si nous avons voulu tourner ce film, c’est que nous n’avions pas une réponse toute faite à la question de s’il faut aller ou pas dans les institutions, de ce qu’il faut en faire. Ce qui nous intéressait, c’était de réactualiser, en quelque sorte, les questions du rapport de la gauche au pouvoir, questions au moins aussi vieilles que Marx, mais de le faire d’une manière qui soit pratique, concrète, vécue. Il existe beaucoup de choses écrites d’un point de vue théorique sur l’institutionnalisation des mouvements de protestation, sur la bureaucratisation des structures de parti, etc., sans compter les interprétations en termes de trahison. Quelque part, nous voulions vivre ça de l’intérieur, savoir comment ca se passe pour ceux qui entrent dans les institutions du pouvoir. A posteriori, bien sur, même si pour beaucoup, ceux que nous avons suivis n'ont pas franchi de "ligne rouge", on peut voir dans leur passage au Parlement une forme d'échec : non, ils n'ont pas changé le monde et oui, Podemos est finalement devenu un parti un peu comme les autres, avec le désenchantement que cela suppose parfois. Cependant, au départ de cette histoire, il y avait un enthousiasme, la sensation d'une opportunité historique, dans un contexte de crise de la classe politique traditionnelle et après d'importants mouvements sociaux, la pensée diffuse qu'il y avait une possibilité réelle de changer quelque chose.

Ce n'est pas un film de propagande pour Podemos, mais ce n'est pas non plus un film à charge. quel était votre parti pris ?

On espère que le fait de s’être intéresses avant tout aux contradictions dans lesquelles les députes de Podemos étaient pris nous a préserves de faire un film de propagande. Mais ce qui nous intéressait, c'était de montrer ces contradictions depuis l'intérieur, en accompagnant la trajectoire des personnages, en engageant le spectateur dans leur vécu. Du point de vue de la tension dramatique, nous cherchions à faire partager les dilemmes dans lesquels les personnages étaient pris. C’est aussi un regard sur le monde qui nous intéresse : celui qui se porte depuis le point de vue d’un acteur du réel, pris dans les contraintes qui s’exercent sur lui, dans la complexité de ses choix. Nous avons essayé d’être en empathie avec ceux que nous filmions, mais sans complaisance non plus. L'objectif était de renvoyer aux spectateurs tous ces questionnements politiques, tout en les laissant se positionner et se demander ce qu’ils auraient fait dans cette situation. D’ailleurs, en tournage, nous avions un peu l’impression que nous aurions pu, dans une autre vie, nous retrouver à leur place.

Comment avez-vous été reçus par l’institution pendant le tournage ?

Nous avions un sorte d’autorisation partielle de filmer dans le Parlement. D’une part, nous avions celle (presque sans restriction) de Podemos de les filmer, donc accès a leur bureau au Parlement ; d’autre part, nous avions obtenu des accréditations de presse pour filmer les événements publics (séances plénières, conférences de presse, etc). Dans la pratique, il était donc assez compliqué de nous demander de couper chaque fois que nous traversions un couloir, et a force nous avions une certaine liberté. Et puis nous avons fini par faire partie du décor du Parlement. Par contre nous étions perçus comme la camera de Podemos, cela ne nous a pas facilité la tache quand il a été question de filmer leurs rencontres avec les membres des autres groupes politiques. Même si nous avons obtenu quelques moments inespérés comme le café que prennent ensemble le chef de file de Podemos avec celui d’Izquierda Unida, souvent, les portes nous sont restées closes.

Ce narrateur, dont la voix ponctue le film, qui est-il ?

Quand nous sommes partis tourner, nous n'avions pas dans l'idée d'utiliser une voix off mais plutôt de faire du cinéma direct plus "pur". Pendant la campagne, nous avons rencontré un journaliste asturien qui recevait d’Emilio Leon, le personnage principal, pour un long entretien. C'est quelqu'un qui est un peu la référence dans le journalisme politique en Asturies, il a une chronique politique très suivie dans l'un des deux principaux quotidiens asturiens, avec un ton très personnel, a la fois désuet et souvent ironique. Politiquement parlant, il se situerait plutôt au centre, avec la particularité d'être très critique des deux grands partis de gouvernement, le PSOE et le PP, et d'une certaine manière de faire de la politique en général. Ce qui nous a surpris, c'est qu'il avait une certaine bienveillance envers les nouveaux venus de Podemos, alors que politiquement ils étaient assez éloignés. Sur le coup nous nous sommes dit que cela ferait un narrateur intéressant mais nous en sommes restés la. C'est une fois au montage que nous avons eu l'impression que sa voix pourrait a la fois être un contrepoint, permettre de prendre du recul sur l'action ou les choix des personnages (alors que le reste du temps nous sommes plutôt en empathie avec eux) et glisser quelques informations. Nous lui avons propose d'être le narrateur et il a tout de suite été partant. Au fil du montage nous avons donc écrit cette voix "à la manière de", en essayant d'imiter son style. Malheureusement, au moment de la finaliser avec lui, après nous avoir dit qu'il approuvait globalement le texte, il a souhaité y ajouter énormément de détails techniques sur la politique asturienne, sur son système institutionnel. Nous manquions de temps (et lui aussi) pour retravailler ensemble et faire entrer ses considérations dans les nécessités narratives d'un film. Nous avons donc fini par enregistrer la voix avec un acteur. Au final, c'est un narrateur hybride, fictif mais très fortement inspiré d'un personnage réel.

En quoi cette fresque politique peut-elle avoir des échos en France ?

En essayant d’éliminer au maximum tout les éléments de la politique nationale espagnole, ainsi que tout ce qui n’était pas strictement nécessaire a la compréhension du déroulement de l’action, nous avons essaye de faire de la vie du Parlement asturien une sorte de microcosme qui se suffit a lui-même. C’était une manière d'essayer de lui donner un caractère emblématique, le plus universel possible. Le vieil apparatchik de la social-démocratie ou le prototype du dirigeant communiste, sont quelque part des figures que nous connaissons déjà. L’entrée d’un nouvel élément dans ce paysage familier est donc facilement transposable dans beaucoup de pays européens.

DISTRIBUTEUR: DHR DISTRIBUTION

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 





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