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VILLE NEUVE de Félix DUFOUR-LAPERRIÈRE

SORTIE NATIONALE : 26 Juin 2019

1h16– Canada – 2018

 

SYNOPSIS

Un été en bord de mer sur les côtes arides de la Gaspésie. Joseph s’installe dans la maison d’un ami. Il convainc Emma, son ex-femme, de venir l’y rejoindre. Tandis que la campagne référendaire de 1995 sur l’indépendance du Québec bat son plein, des maisons brûlent, des discours s’affrontent, un couple se retrouve et s’aime. Se défera-t-il à nouveau ?


ENTRETIEN AVEC LE REALISATEUR

Quelle est la genèse du film ?

"Ville Neuve" est librement adapté d’une courte nouvelle de l’écrivain américain Raymond Carver, La Maison de Chef. J’ai puisé dans cette nouvelle de cinq pages le contexte des retrouvailles, la maison en bord de mer, et l’intuition des principales forces qui animent les personnages du film : la fatalité et la colère de Joseph et une espérance lucide, résistante, chez Emma. Déplaçant ces retrouvailles dans mon pays, j’ai souhaité y faire résonner les espoirs politiques du Québec moderne et ainsi lier les registres intimes et collectifs. La parole a rapidement pris de l’importance puisqu’elle est centrale à ces deux registres. Sont alors nés les récitatifs (ou monologues) de chacun des principaux personnages. Le dessin et l’animation à la main, sur papier, a fait le reste.

Les textes pré-existaient donc aux dessins?

Oui, les monologues ont été écrits avant l’image et ont constitué les fondations du scénario. Ils permettent de caractériser les personnages animés, donc sans corps réel, sans visage de chair à l’écran. Je souhaitais qu’ils apportent une intériorité plus vaste, une certaine profondeur à ces personnages. Ces monologues sont parfois aussi importants que le récit lui-même, comme révélateurs des forces et tensions d’Emma, Joseph et Ulysse.

La parole, la langue, m’apparaît centrale autant au niveau intime, dans sa capacité à nommer les choses du monde et à ainsi un peu se les approprier, qu’au niveau politique, où la parole concrétise une existence collective et une capacité à agir. Elle est d’autant plus importante au Québec, petite île francophone dans un océan anglophone nord-américain.

"Ville Neuve" est un film sur l’engagement : l’engagement amoureux, l’engagement politique. Comment s’est construit le parallèle entre l’histoire d’Emma et Joseph, un couple séparé qui envisage une réunion, et le référendum sur l’autonomie du Québec, l’histoire d’une nation qui doit décider si elle se sépare ou non ?

Je n’ai pas voulu mettre en place un système exact d’équivalence, où une position sur l’indépendance du Québec s’incarnerait dans un personnage et l’option opposée dans un autre. J’ai plutôt tenté de convoquer des forces, des désirs, des espérances communes aux relations amoureuses et filiales et aux aspirations politiques. Ce sont, à mon sens, deux espaces liés, communiquants. Les libertés collectives, les engagements que l’on honore résonnent dans les libertés intimes et les liens que nous chérissons. Et vice-versa.

Que représente pour vous le(s) référendum(s) sur l’autonomie du Québec ?

J’avais à peine quatorze ans lors du référendum de 1995 (et n’était donc pas né lors de celui de 1981). Ce sont des évènements que j’ai vécus à travers les récits familiaux et l’importante production intellectuelle et artistique les ayant accompagnés. Les deux échecs référendaires, dont le deuxième perdu avec une marge infime (qui plus est liée à des entorses aux règles électorales), ont été un choc pour le Québec et nous sommes, collectivement, restés dans une certaine stupeur. Sur le sentiment que tout était peut-être déjà joué. "Ville Neuve" prend des libertés avec la réalité historique en faisant du deuxième référendum un exercice victorieux. Et ouvre ainsi, je l’espère, une fenêtre de possibles, car rien n’est vraiment jamais joué. Ou pas tout à fait.

Pensez-vous possible qu’il y ait un prochain référendum sur cette même question ?

L’option indépendantiste demeure solide, avec un fort appui populaire. Les véhicules politiques qui la portent sont cependant assez mal en point. Et très divisés. Un prochain référendum n’aura certainement pas lieu avant un bon moment. Cela dit, notre existence collective demeure à penser et à organiser. À rêver. Et les turbulences politiques et écologiques à venir ramèneront certainement à l’avant-plan les questions de la langue française, du vivre-ensemble, de la distribution de la richesse, du territoire, de sa préservation et de son occupation. Bref, nous serons confrontés, comme petite nation, aux mêmes défis que les grandes. Avec les moyens limités qui sont les nôtres. Les désirs d’indépendance, autant face au grand voisin américain que face aux voisins canadiens, pourraient bien faire un retour en force…

Le film se termine sur une note d’espoir : en écho à Andreï Rublev de Tarkovski, Joseph sonne la cloche, signe de renouveau. Pourquoi cette référence ? Que représente ce film pour vous ?

Au-delà du fait que ce soit pour moi un film fétiche, étourdissant et bouleversant, j’ai souhaité lui faire un clin d’œil pour les thématiques qu’il aborde. Le sacré et le rôle de l’art, registre supérieur ou métaphysique, viennent ainsi faire écho aux registres intimes et collectifs, individuels et politiques, que le film met en présence.

Pourquoi avez-vous choisi la technique de l’encre sur papier ? Comment s’est déroulé le travail artistique ?

J’ai privilégié une approche artisanale tout d’abord pour le plaisir de la fabrication, par goût et affinité. L’encre sur papier aura ensuite permis d’obtenir une signature graphique assez franche et singulière, qui correspondait au ton et aux thèmes du film. Le travail sur papier, avec ses incertitudes, ses vibrations et ses textures, accompagne parfaitement le rythme interne du film. Le caractère dessiné, imparfait, est également propice aux métamorphoses, aux transitions animées et m’a permis de parfois vider le cadre, d’isoler les figures et les objets de leur contexte pour les ériger comme dessins, comme signes ou symboles. La fabrication de "Ville Neuve" c’est environ 80 000 dessins.

J’ai fait seul un travail de pré-production pendant une année et demie, pour mettre en place l’iconographie du film et faire l’ensemble des poses clés de l’animation. Une valeureuse équipe s’est ensuite progressivement constituée, entre cinq et trente personnes sur une période de production de deux ans.

Qu’est-ce que représente pour vous cette sélection au Festival International du Film d’Animation d’Annecy ?

C’est une grande joie de présenter un film singulier, atypique autant par son sujet que par son traitement, dans un festival où convergent tous les curieux, les professionnels et les fans du cinéma d’animation. Et comme "Ville Neuve" sortira au cinéma dans la foulée (le 26 juin), cette sélection nous permettra un premier contact, heureux je l’espère, avec le public français.

Quels sont vos projets ?

Mon prochain film, Archipel, est actuellement en cours de production. C’est un docu-fiction sur le Québec et sur les îles du fleuve Saint-Laurent, réelles ou fabulées. C’est un long métrage pour deux récitants, fabriqué avec une grande variété de techniques d’animation, un film au dessin libre et à la langue précise qui dit et rêve un territoire et ses habitants, pour dire et rêver un peu du monde et de l’époque. Il sera terminé en 2021.

Je termine également, au cours des prochains mois, l’écriture de La mort n’existe pas, un long métrage d’animation lui-aussi. C’est une fable sur la violence politique, quelque part entre le mythe de Faust, Alice au pays des merveilles et l’exploration des sources et conséquences de la violence politique. Nous entamerons le financement cet automne et espérons d’ailleurs mettre en place une coproduction française.

BIOGRAPHIE DU REALISATEUR

Né en 1981, à Chicoutimi, au Québec, Félix Dufour-Laperrière a étudié à Montréal où il travaille actuellement. Réalisateur et scénariste, ses films se partagent entre cinéma d’animation, essais documentaires et courts métrages expérimentaux. Son travail, qui témoigne d’une tension constante entre récit et exploration formelle, entretient un rapport étroit avec les arts visuels et contemporains. Ses films, parmi lesquels : "Un, Deux, Trois, Crépuscule" (2006), "Rosa Rosa" (2008), "M" (2008) et "Transatlantique" (2014), ont été présentés dans de nombreux festivals, musées et événements nationaux et internationaux d’importance où ils ont remporté plusieurs prix.

"Ville Neuve" est son premier long métrage d’animation, entièrement dessiné à l’encre de chine. Il travaille aujourd’hui à la réalisation du documentaire d’animation "Archipel" ainsi qu’au développement de son second long métrage d’animation "La Mort n'existe pas".

DISTRIBUTEUR : URBAN DISTRIBUTION



 





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