ESPACE SAINT-MICHEL

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A MA PLACE de Jeanne DRESSEN

SORTIE NATIONALE : 9 Septembre 2020

1h04 – France – 2020


SYNOPSIS

Savannah cherche sa place. Actrice d’une révolution qui n’a pas eu lieu, elle est une fille de la classe ouvrière et réinvente la politique. De Nuit Debout à l’Ecole Normale Supérieure, Savannah doute, rêve, lutte et apprend. Elle se cherche un avenir.

Nuit Debout

Le 31 Mars 2016, à l’issue d’une manifestation contre la loi Travail, certains manifestants ont appelé "à ne pas rentrer chez soi". Ils sont alors allés s’installer place de la République, à Paris. Et la place a été occupée pendant presque deux mois, ainsi que dans une centaine d’autres villes en France. Ce mouvement social était à la fois une contestation des institutions politiques et du système économique, et une réflexion autour de nouveaux modèles. Sans leader ni porte-parole, Nuit debout est organisé en commissions, et les membres actifs comme les observateurs se réunissaient chaque soir en AG.

2 Avril 2016, Place De La Republique

J’y suis allée, pour " voir ce qui s’y passait ". J’avais filmé le mouvement des Indignés en 2011, et Nuit Debout avait pas mal de points communs : occupation de l’espace public, prises de parole libres, réflexion sur la démocratie, aspiration à la fin du pouvoir pyramidal… Mais j'étais cette fois résolue à ne pas filmer. Je venais d’intégrer l’Atelier documentaire de la Fémis avec un autre projet. En 2011, cela m’avait demandé beaucoup d’énergie que de filmer ce mouvement en extérieur, souvent de nuit, en plein hiver, dans la peur permanente de la répression ; et d’appréhender ce mouvement tout en en racontant quelque chose, d’en proposer une vision alors qu’il se cherchait encore lui-même.

Mais ce 2 Avril, j’ai vu une jeune femme lire au micro, en tremblant, un texte qu’elle venait d'écrire sur un cahier d’écolière. L’économiste Frédéric Lordon était passé juste avant elle à la tribune. C’est un brillant orateur, et j'ai cru qu’elle prenait en notes ce qu’il disait. Pas du tout… elle écrivait son propre discours ! Comme Lordon avant elle, elle m'a donné la chair de poule. Mais elle, elle n’a que 25 ans, et c’est une femme. Je le souligne, car j'ai remarqué qu'il y avait beaucoup moins de femmes pour prendre la parole devant tant de monde. Son discours est un appel, un cri de colère mêlé d’espoir, adressé à ceux qui, comme elle, sont assis là et n’en peuvent plus du fonctionnement de notre société.

Mon compagnon avait pressenti qu’il valait mieux me munir d’une caméra ce jour là, au cas où… Alors j’ai filmé Savannah parce que quelque chose en elle m’interpellait, sans que je ne puisse clairement expliquer quoi. Puis je suis allée faire sa connaissance. Elle m’a immédiatement exposé son dilemme : s’atteler à son avenir personnel avec une candidature en cours à l’Ecole Normale Supérieure, ou poursuivre son engagement collectif avec Nuit Debout, qui suscitait chez elle un très fort enthousiasme. Cela m’intéressait beaucoup de savoir ce qu’elle allait choisir, et je pensais que ça pouvait être un enjeu dramatique intéressant pour un film. Je l’ai donc suivie jour après jour, et petit à petit, j’ai fait un film.

Savannah, étudiante et militante

En 2016, Savannah a 25 ans. Elle est en train de dessiner sa vie adulte, et cela engendre d’importants remous. Elle est étudiante en sociologie, matière qu’elle a découvert il y a peu, en autodidacte. Cette matière la passionne. Elle veut devenir sociologue. En parallèle, elle a toujours la lutte sociale chevillée au corps.

Au printemps, elle milite activement contre la " loi travail ", entre autres à Nuit Debout, où elle modère très souvent les assemblées. C’est elle qui distribue la parole et les informations urgentes, galvanisée par les milliers de personnes présentes. Sa vivacité d'esprit, son dynamisme, l'empathie dont elle sait faire preuve sont appréciés, elle est souvent félicitée et remerciée. Savannah me dit bien connaître, à travers ses parents ouvriers dans l’imprimerie, où elle travaille l’été, la " violence symbolique " subie par les classes populaires. Originaire de Marne-la- Vallée (" Je ne viens à Paris que pour aller en manif "), elle est boursière et vit à Bures-sur- Yvette, à plus d’une heure de RER pour rejoindre République. Elle a déjà pris du retard dans ses études et elle risque, par ses absences et sa négligence, de les mettre une nouvelle fois en péril, alors qu’elle mène une année brillante, où elle est première de sa classe. Elle est admise dans un master pluridisciplinaire en sciences sociales dispensé par l’ENS, l’EHESS et Dauphine. Passionnée par l’enseignement dispensé, elle souffre beaucoup de la différence sociale. Elle est saisie d’un fort sentiment d’illégitimité et d’une grande colère. Selon moi, Savannah s’est trouvée prise dans ce déterminisme social dont elle connaît pourtant parfaitement les mécanismes, et dont elle parle au début du film en évoquant Bourdieu. Comme elle l’explique dans le film, elle aurait peut-être pu faire face à cette difficulté à un autre moment. Mais pas sous l'intense émotion de ce qu’elle venait de vivre dans la rue comme un espoir intense puis une grande violence de la part du pouvoir. En ce sens, "À ma place" raconte, il me semble, un destin individuel percuté par l'histoire collective.

Normale Sup

Lorsque l’expression est utilisée sans autre précision, il s’agit habituellement de l’École normale supérieure de Paris. C'est un établissement d'enseignement supérieur public assurant la formation de chercheurs et d'enseignants dans les disciplines littéraires, scientifiques et technologiques. Pierre Bourdieu - lui-même ancien élève de l'ENS de la rue d'Ulm- a pu considérer que le recrutement des grandes écoles était socialement trop sélectif et servait avant tout à permettre la reproduction des élites. Son ouvrage de 1968 fournit cependant des statistiques clémentes à cet égard pour l'ENS d'Ulm, créditée de 14 % de fils d'ouvriers (dont la population était nombreuse à l'époque) à comparer à 4 % pour l'École des mines de Paris. Les ENS ac-cueillent un nombre croissant d’étudiants n'étant pas lauréats du concours (et sans le statut fonctionnaire et la rémunération afférente) pour des diplômes de master ou de préparation de doctorat. Ce fut le cas de Savannah. Ils constituent aujourd'hui près de la moitié des effectifs des ENS. Les normaliensétudiants, bien que non-rémunérés, jouissent de tous les autres privilèges de ce statut.

La Caméra entre nous

Le film est composé de moments que je qualifierais de "militants" (manifestations et Nuit Debout), et de moments plus intimes, principalement en famille. Au bout de quelques jours, j’ai senti que filmer Savannah sur le terrain de la lutte ne suffirait pas à faire un film. Je lui ai dit que j’aimerais la filmer avec les siens. Et un jour, elle m’a invitée à venir fêter et filmer son anniversaire chez son père. Dans la voiture, elle m’a dit : " je t’ouvre les portes de ce que j’ai de plus intime ". En filmant chez son père, je pensais à Pialat. Ca n’était pas simple, d’oser filmer, alors que ce qui se déroulait était fragilisant pour elle, et potentiellement pour son père. Mais forcément, cela était enrichissant pour le personnage et l’histoire. Et je me disais que bien sûr, à sa demande, j’arrêterais. A chaque fois, en fait, que je filmais des scènes de famille, je me disais que la limite, c’est elle qui la poserait. Je lui avais dit, dès le premier tournage, qu’il fallait qu’elle me signale les moments qu’elle ne voulait pas que je filme. Je crois qu’ensuite, le contrat était tacite.

Par le passé, j’ai aussi pu constater à au moins deux reprises que la caméra documentaire peut être un moyen pour les personnages d’exprimer des choses qu’ils ne se croyaient pas capables de dire " publiquement ". C’est donc un choix de faire et de dire ou non certaines choses quand il y a une caméra. Et puis, cela se sent lorsque quelque chose ne doit pas être filmé, et alors j’ arrête. Sans parler du montage, bien sûr. J’ai ainsi pu garder une scène à laquelle je tenais, et que la monteuse trouvait difficile à intégrer, à cause de ce qu’elle donnait à voir. Mais en la montant (en coupant certaines répliques en l’occurrence), elle devient " montrable ". Dans la profusion des films, on pourrait presque l'oublier, mais il n'y a rien de naturel à se laisser filmer dans ses relations avec ses parents ou dans sa vie quotidienne. D’ailleurs, Savannah n’a pas voulu que je la filme à l’ENS car elle ne s’y sentait pas "à sa place" ; et le tournage s’est arrêté à sa demande, lorsqu’elle fut enceinte. Elle m’a accordé les deux dernières scènes du film, et le film né de notre rencontre a trouvé sa fin comme ça. Concernant la distance, je me mettais, je dirais, le plus souvent à la distance d’une personne " invitée " : pas forcément aussi proche qu’une amie, mais pas en observatrice lointaine non plus. A mi-chemin. Ce qui est certain, c’est que je déteste les très gros plans sur les visages.

On ne regarde pas les gens d’aussi près dans la vie, et cela me donne envie de reculer. Un jour, j’ai entendu un réalisateur dire qu’il ne fallait pas essayer de faire oublier la caméra, ou de se cacher. Il faut assumer sa présence. Nous filmons des gens qui savent qu’il sont filmés et donc, d’une certaine façon, nous faisons partie de la scène que nous filmons. J’avais cela en tête en permanence.

JEANNE SRESSEN, RÉALISATRICE

Je m’intéresse depuis longtemps, sur un plan personnel, à l’engagement politique et à ce qui le motive. Pourquoi certains s’engagent et d’autres pas ? Que trouve-t-on dans la lutte ? Le fait de se battre est-il aussi important que l’objectif visé ? Qu’est-ce qui rendait si irrésistible pour Savannah le fait d’aller sur la place de la République tous les jours et toutes les nuits, et de prendre part au plus grand nombre possible de manifestations quand son corps lui rappelait que ses capacités sont limitées, et que négliger ses études menaçait son entrée dans l’école dont elle rêvait ?

Les Indignés en 2011 et Nuit Debout en 2016 se ressemblent. Et ces mouvements d’appropriation de la politique par " le peuple " m’intéressent. Nous sommes nombreux à chercher, depuis longtemps et de diverses manières, une autre façon d’en faire et de la faire " redescendre ". Lorsque l’on participe à ces mouvements, je trouve qu’un souffle très fort s’en dégage, que l’on ne peut pas saisir si l’on y passe en spectateur de temps en temps. On risque alors de n’en capter que les aspects naïf et amateur, qui existent aussi. Il faut " en avoir été " (et y croire un peu) pour percevoir ce qui se passe individuellement et collectivement dans un tel moment. Au-delà des résultats concrets (le retrait de la " loi travail " en 2016, entre autres), il s’agit d’expérimenter ensemble, d’inventer et d’exister.

Je crois que le mouvement des gilets jaunes, à sa façon, s’inscrit dans cette quête de renouveau. L’autre aspect, corrélé, qui résonne fortement, c’est la répression policière, que l’on qualifiait d’inédite en 2016 (mais l’était-elle ?) et qui s’est encore accentuée depuis. J’avais lu à l’époque que les forces de l’ordre n’avaient pas d’ordres clairs sur la façon d’agir sur le terrain, ils étaient paniqués et donc d’autant plus violents. La fréquence des blessures des manifestants, l’impunité totale des policiers et le fait qu’ils visent certains manifestants connus parce que très politisés et apparemment dérangeants pour le pouvoir (je pense par exemple à Gaspard Glanz et à certains gilets jaunes), tout cela est évidemment extrêmement grave.

La fabrication du film

Il y a sûrement des conditions de tournage plus faciles que celles qui consistent à tourner seule, de nuit, dans la foule, avec la menace quasi permanente de la brutalité policière, qui ne reste pas toujours à l’état de menace. Mais quand je tournais, je pensais surtout à restituer ce que j’imaginais que ressentait Savannah au sein de Nuit Debout : la joie, le sentiment d’appartenance, le plaisir d’avoir un rôle à y jouer.

Ce film est auto-produit. Je n’ai donc pas suivi l’ordre des choses : écriture, recherche de diffuseur, de financements, de production puis tournage. Un producteur m'a aidé en chemin mais sans pouvoir travailler dans les cadres en usage, et donc sans disposer des moyens qui en dû poursuivre d'autres activités en parallèle. Il a fallu des mois pour trouver une monteuse, un lieu pour la post-production, un monteur son, un mixeur, un étalonneur, et des périodes de disponibilité pour chacun. Tout prend beaucoup plus de temps en auto production. J’ai tourné entre avril 2016 et octobre 2017, monté en été 2018 et terminé la post-production en 2019.

Ce qui me rassure pour le film - mais me rassure moins pour le public auquel il s'adresse et plus généralement pour notre société - c’est qu’il n’a rien perdu de son actualité. C'est aussi cette démarche du recul sur l'actualité - 4 ans donc - qui nous intéresse dans le fait de le présenter en cet été 2020. Avec la crise sanitaire actuelle, on parle à nouveau de l’importance de la de la participation des citoyens - et des femmes en particulier - aux décisions, des écarts de revenus et de traitements entre les "premiers de cordée" et les premiers de corvée, dont certains découvrent - ou semblent découvrir - l’existence et l’utilité.

Edito Distributeur

"A ma place" rappelle l'importance de la vie démocratique mais aussi la gravité de la répression et des violences policières. Les libertés publiques, les libertés de manifester et d’informer, le respect des personnes restent des éléments clés quand la résilience - voire la réalité même - de la démocratie sont mises à l’épreuve. Et les successifs états d’urgence que nous traversons pourraient s’avérer pour elle de rudes crash-tests. Favoriser, susciter, nourrir les débats publics, tendre un miroir à une société incapable de réduire les inégalités, à des pouvoirs qui trop souvent se contentent de se maintenir par la violence ... le cinéma a ici encore un rôle à jouer.

Célébrer l’engagement et le courage face aux répressions autant que documenter d’inventives expérimentations pour renouveler les pratiques démocratiques, voici de bonnes raisons de se donner rendez-vous dans les salles de cinéma pour découvrir "A ma place" dès le 9 septembre 2020 pour des rencontres et des débats publics, partout où cela sera possible.

DISTRIBUTEUR : DHR DISTRIBUTION – À VIF CINÉMAS 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 



 





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